agroecology for resilent territories in Senegal

L’agroécologie féministe à l’honneur : le projet ARTS à la Biennale de Dak’ART 2024

Lors de la Biennale de l’Art Contemporain de Dakar, rendez-vous artistique majeur en Afrique de l’Ouest, le projet ARTS a marqué de son empreinte Yaay Dund, Régénérer le Vivant, une exposition immersive qui questionne les rapports entre art, science et justice sociale. Pendant trois jours, le pavillon Agora, situé au pied de la statue de la Renaissance africaine, s’est transformé en un espace d’échange d’idées autour de la justice de genre et de la transition agroécologique.

Quand le théâtre interpelle

Le 25 novembre, en écho à la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la compagnie Melokaan a présenté Inna, une pièce de théâtre-forum qui met en lumière ces injustices, notamment dans les contextes ruraux. Portée par une troupe engagée, dont les propos crus et directs provoquent parfois des réactions vives dans certaines régions, cette œuvre questionne les blocages structurels entravant l’autodétermination des femmes et, par extension, toute transition écologique équitable.

Suivie d’un débat animé par la troupe et Lise Landrin, géographe féministe, la représentation a ouvert un espace de réflexion sur la responsabilité collective face à ces problématiques. Elle a souligné que la justice de genre est une condition incontournable pour un changement durable.

Le théâtre-forum s’inscrit parmi les outils artistiques centraux du projet ARTS, offrant un moyen puissant d’impulser le changement et d’agir comme catalyseur de transformation sociale.

Table ronde sur l’agroécologie féministe

Le 26 novembre, la table ronde intitulée Une agroécologie féministe ? a réuni un panel riche et diversifié d’intervenant·es issu·es de la recherche et de la société civile : Marie Thérèse Daba Sène, Laiti Ndiaye, Patrick Bottazzi et Lise Landrin, sous la modération éclairée du journaliste Yunuça Gueye.

Cette discussion a ouvert des perspectives sur le rôle central des femmes dans la régénération des écosystèmes, tout en questionnant la contribution des hommes à une masculinité positive et solidaire. Les échanges ont permis de mettre en lumière les obstacles socio-économiques et culturels auxquels les femmes sont confrontées, tout en esquissant des pistes concrètes pour déconstruire les inégalités structurelles qui freinent leur autonomisation.

Débats, créations et participation : des savoirs en dialogue

Les 27 novembre, ARTS a orchestré des activités participatives innovantes, dont un portage de parole dans l’espace public, un ciné-débat et une contre-visite guidée performative. Ces formats ont enrichi la réflexion en croisant savoirs scientifiques, artistiques et locaux. Ils ont également révélé comment l’agroécologie peut devenir un outil de résistance face aux inégalités systémiques.

Les Jambaars de l’agroécologie : donner un visage aux luttes invisibles

Lors du ciné-débat, ARTS a présenté en avant-première plusieurs vidéos produites dans le cadre du projet, dont Les Jambaars de l’agroécologie. Cette série de portraits met en lumière celles et ceux qui, au quotidien, affrontent les défis de la transition agroécologique. Ces récits incarnent une agroécologie en lutte, loin des discours consensuels et idéalisés.

 

Les Gardiennes du Vivant : exposer les luttes féminines dans l’agroécologie

En parallèle, ARTS et la Dynamique pour la Transition Agroécologique au Sénégal (DyTAES) ont lancé le concours photo Les Gardiennes du Vivant. Cette initiative revendique la reconnaissance des luttes et des pratiques féminines souvent invisibilisées. À travers les images, ce concours appelle à un regard critique sur les dynamiques de pouvoir dans les systèmes agroalimentaires et montre comment les femmes, en première ligne, résistent et innovent face aux crises systémiques.

 

ARTS : co-créer des solutions concrètes au-delà des cadres académiques

Le projet ARTS incarne une démarche transdisciplinaire, associant la rigueur scientifique à des formes de savoir artistique et local. Il dépasse les frontières académiques pour travailler directement avec les communautés, revendiquant une recherche engagée et ancrée dans la réalité. Cette approche, qui privilégie la co-construction et la participation, vise à développer des solutions concrètes et adaptées aux défis écologiques et sociaux contemporains.

 

Plongez dans cette expérience en explorant le site de Yaay Dund et découvrez l’univers visuel de Raphaël Belmin